jeudi 26 décembre 2013

Récifs délicieux, Île toute prochaine,


Paul Valéry -- Anne - Album de vers anciens



Terre tendre, promise aux démons apaisés,
L’amour t’aborde, armé des regards de la haine,
Pour combattre dans l’ombre une hydre de baisers!

Paul Valéry
Anne - Album de vers anciens

vendredi 13 décembre 2013

Aux royaumes du vide, où l’antique sibylle

Louis-Nicolas Ménard - Poèmes


Aux royaumes du vide, où l’antique sibylle
Conduisit par la main le héros de Virgile,
S’étendent, près du Styx, les vagues profondeurs
Du séjour sans soleil qu’on nomme Champ des pleurs.

Louis-Nicolas Ménard - Poèmes

mercredi 11 décembre 2013

Est-ce une plainte de la terre,

Ce soir, à travers le bonheur - La chanson d'Eve - Charles Van Lerberghe

Est-ce une voix future,
Une voix du passé ?
J'écoute, jusqu'à la souffrance,
Ce son dans le silence.
Charles Van Lerberghe

dimanche 24 novembre 2013

Ce masque, qui celait tantôt votre beauté,

Pierre Motin

Semble à l'obscurité de la nuit effroyable :
Elle cache au soleil sa clarté désirable,
Lui cache de vos yeux la divine clarté.

Pierre Motin

samedi 23 novembre 2013

Le ciel est de cuivre

Paul Verlaine - Dans l'interminable - Romances sans paroles


Sans lueur aucune
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Paul Verlaine 
Dans l'interminable - Romances sans paroles

samedi 12 octobre 2013

Dans les roseaux, vis-tu, sur un fleuve bleuâtre,

Rêve antique - Stéphane Mallarmé


Le soir, glisser le front de la pâle Phoebé ?
- Elle dort dans son bain et sa gorge d'albâtre,
Comme la lune, argente un flot du ciel tombé.

Rêve antique - Stéphane Mallarmé

Patience, patience,

Charmes - Palme - Paul Valéry

Patience dans l'azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr !

Charmes - Palme - Paul Valéry

lundi 30 septembre 2013

Mais, pour capricieux et prompt que tu paraisses,

La Jeune Parque - Paul Valéry


Reptile, ô vifs détours tout courus de caresses,
Si proche impatience et si lourde langueur,
Qu’es-tu, près de ma nuit d’éternelle longueur?

La Jeune Parque - Paul Valéry


dimanche 22 septembre 2013

Le Creux de l'Enfer

Explosition Florence Reymond

Le Creux de l'Enfer est un centre d'exposition d'art contemporain, installé dans une ancienne usine de coutellerie et de rasoirs qui utilisait la force motrice d'un gros torrent (la Durolle) qui dévale de la montagne. Située à Thiers (Puy de Dome), cette usine a fermé dans les années 1950 et est restée en friche pendant 30 ans. Elle accueille aujourd'hui des expositions, comme celle de Florence Reymond, dont on peut se faire une idée en suivant ce lien.

Je précise que j'ai obtenu l'autorisation de Florence Reymond et du directeur du Creux de l'Enfer pour publier ces "explosions", et je les en remercie.


Le creux de l'Enfer


Le creux de l'Enfer

Le creux de l'Enfer

Le creux de l'Enfer

Le creux de l'Enfer

Le creux de l'Enfer


Le creux de l'Enfer


Le creux de l'Enfer

Le creux de l'Enfer

mercredi 14 août 2013

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,

Delfica - Odelettes - Gérard de Nerval


Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?...
Gérard de Nerval

jeudi 1 août 2013

Mortelle à voir, avec ses yeux diamantins,

Hérode - Symphonie héroïque - Albert Samain


Aux pourpres d'un couchant cruel, sous les portiques,
Hérodiade, au lent vertige des cantiques,
Ondule, monotone, en roulis serpentins.
Albert Samain

lundi 22 juillet 2013

Et d'étranges rêves

Soleils couchants - Poèmes Saturniens - Paul Verlaine



Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves.

Paul Verlaine


vendredi 19 juillet 2013

Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,

Arthur Rimbaud - Soleil et chair



Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;

Arthur Rimbaud

C'est mon pays de long linceul.

Émile Verhaeren - La plaine



Mes rivières y font de lents serpents
D'eau jaune à travers de grands pans
De terrains planes et rampants.


Émile Verhaeren

samedi 13 juillet 2013

De feu, d'horreur, de mort, de peine, de ruine,





Jours, nuits, ans, temps, moments, je me sens tourmenté,
Et sous les fers meurtriers de ma captivité,
Je vois l'amour cruel qui mon âme ruine.
Béroalde de Verville

mardi 9 juillet 2013

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,

Réversibilité -- Charles Baudelaire



Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine ?
Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine ?

Charles Baudelaire

vendredi 28 juin 2013

Regarde : un bras très pur est vu, qui se dénude.

Paul Valéry - La Jeune Parque


Je te revois, mon bras… Tu portes l'aube…

                                                                   Ô rude
Réveil d'une victime inachevée…  et seuil
Si doux… si clair, que flatte, affleurement d'écueil,
L’onde basse, et que lave une houle amortie !…

Paul Valéry
La Jeune Parque


dimanche 16 juin 2013

La houle me murmure une ombre de reproche,


La Jeune Parque



Ou retire ici-bas, dans ses gorges de roche,
Comme chose déçue et bue amèrement,
Une rumeur de plainte et de resserrement ...
Que fais-tu, hérissée, et cette main glacée,
Et quel frémissement d'une feuille effacée
Persiste parmi vous, îles de mon sein nu ?

La Jeune Parque
Paul Valéry

«Que dans le ciel placés, mes yeux tracent mon temple

Paul Valéry - La Jeune Parque



Et que sur moi repose un autel sans exemple ! »

Criaient de tout mon corps la pierre et la pâleur …
La terre ne m’est plus qu’un bandeau de couleur
Qui coule et se refuse au front blanc de vertige …
Paul Valéry
La Jeune Parque

dimanche 2 juin 2013

Chers fantômes naissants dont la soif m’est unie,

La Jeune Parque - Paul Valéry


Désirs ! Visages clairs !... Et vous, beaux fruits d’amour,
Les dieux m’ont-ils formé ce maternel contour
Et ces bords sinueux, ces plis et ces calices,
Pour que la vie embrasse un autel de délices,
Où mêlant l’âme étrange aux éternels retours,
La semence, le lait, le sang coulent toujours?
La Jeune Parque 
Paul Valéry

mercredi 15 mai 2013

Va ! Je n’ai plus besoin de ta race naïve,


La Jeune Parque - Paul VALÉRY



Cher Serpent … je m’enlace, être vertigineux !
Cesse de me prêter ce mélange de noeuds
Ni ta fidélité qui me fuit et devine…
Mon âme y peut suffire, ornement de ruine !
Elle sait, sur mon ombre égarant ses tourments,
De mon sein, dans les nuits, mordre les rocs charmants ;
Elle y suce longtemps le lait des rêveries …

La Jeune Parque
Paul VALÉRY



dimanche 12 mai 2013

Laisse donc défaillir ce bras de pierreries


La Jeune Parque - Paul VALÉRY



Qui menace d’amour mon sort spirituel …
Tu ne peux rien sur moi qui ne soit moins cruel,
Moins désirable… Apaise alors, calme ces ondes,
Rappelle ces remous, ces promesses immondes …

La Jeune Parque
Paul VALÉRY

Quel crime par moi-même ou sur moi consommé ?...


La Jeune Parque - Paul Valéry




... Ou si le mal me suit d'un songe refermé,
Quand (au velours du souffle envolé l'or des lampes)
J'ai de mes bras épais environné mes tempes,
Et longtemps de mon âme attendu les éclairs ?

Toute? Mais toute à moi, maîtresse de mes chairs,
Durcissant d'un frisson leur étrange étendue,
Et dans mes doux liens, à mon sang suspendue,
Je me voyais me voir, sinueuse, et dorais
De regards en regards, mes profondes forêts.

La Jeune Parque
Paul VALÉRY

vendredi 10 mai 2013

samedi 4 mai 2013

Le pilote qui voit une nef périssante

Théodore Agrippa D'aubigné - L'Hécatombe à Diane


En l'amoureuse mer remarquant les ennuis
Qu'autrefois il risqua, tremble et lui est avis
Que d'une telle fin il ne perd que l'attente.

Théodore Agrippa D'aubigné

vendredi 3 mai 2013

mercredi 1 mai 2013

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,

Charles BAUDELAIRE - L'Ennemi



Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Charles BAUDELAIRE 

jeudi 4 avril 2013

Quelle main t'enferma dans ta prison d'argile ?



Méditations poétiques - Lamartine


Je meurs et ne sais pas ce que c'est que de naître.
Toi, qu'en vain j'interroge, esprit, hôte inconnu,
Avant de m'animer-, quel ciel habitais-tu ?
Quel pouvoir t'a jeté sur ce globe fragile ?
Quelle main t'enferma dans ta prison d'argile ?
Alphonse de Lamartine

dimanche 31 mars 2013

Regardez là-bas, là repose, en une obscure étable,


Johann Sebastian Bach - BWV 248/2 - Oratorio de Noël - Traduction Gilles Cantagrel


Celui qui règne sur l’univers !
Là où naguère un bœuf trouvait sa nourriture,
Là, à présent, repose l'enfant de la Vierge.

Johann Sebastian Bach - Oratorio de Noël - Picander - Traduction Gilles Cantagrel


vendredi 29 mars 2013

Va le trouver : dis−lui qu'il apprenne à l'ingrat

Andromaque - Tragédie - Jean Racine



Qu'on l'immole à ma haine, et non pas à l'Etat.
Chère Cléone, cours : ma vengeance est perdue
S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue.
Jean Racine

lundi 25 mars 2013

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant


Mon rêve familier - Paul VERLAINE - Poèmes saturniens


D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.


Mon rêve familier - Paul VERLAINE

Fenêtre, dont une image bue


Rainer Maria RILKE - Recueil Les fenêtres



dans la claire carafe germe.
Boucle qui ferme
la vaste ceinture de notre vue.

Rainer Maria RILKE

samedi 23 mars 2013

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.

Clair de lune - Les Orientales, Victor Hugo



On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.

Victor Hugo

dimanche 17 mars 2013

L'or fluide du jour jaillit en gerbes vives,

L'Aboma, Charles-Marie Leconte de Lisle


Monte, s'épanouit, retombe, et, ruisselant
Comme un rose incendie au fleuve étincelant,
Semble le dilater au-dessus de ses rives.

Charles-Marie Leconte de Lisle

samedi 9 mars 2013

Le choc s'en renouvelle, et le meurtre en redouble,


Pierre Le Moyne, Saint Louis




Le choc s'en renouvelle, & le meurtre en redouble,
La nuit mesme, dans l'air, s'en échauffe & s'en trouble :
Et la vapeur du sang qui ruissele des corps, 
Les plaintes des mourans, & les Ombres des morts, 
Mille funebres voix, mille images funebres, 
Font vn concert d'horreur avecque les tenebres.

Pierre Le Moyne 

dimanche 3 mars 2013

Nymphe, se revêtant toujours


Petite cascade, Les quatrains valaisins - Rainer Maria Rilke



de ce qui la dénude,
que ton corps s’exalte pour
l’onde ronde et rude.

Sans repos tu changes d’habit,
même de chevelure ;
derrière tant de fuite, ta vie
reste présence pure.

Rainer Maria Rilke